Traducteur natif ou non-natif

Übersetzungsbüro Wien | Traducteur natif ou non-natif

Traducteur natif ou non-natif

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Traductions spécialisées

le 23/04/2020

L’industrie de la traduction est l’une des plus anciennes au monde. La définition d’une traduction de qualité est au moins aussi ancienne, et se définit de la façon suivante : aucune erreur objective (faux-sens, orthographe et grammaire), style naturel, clair, fluide, traduction respectant la même fonction que l’original. Personne ne semble mieux pouvoir répondre à ces critères d’excellence qu’un traducteur natif, c’est-à-dire, un traducteur qui traduit vers sa langue maternelle – appelée dans le jargon, langue A ou encore, langue cible. Et pourtant… Il y a des présupposés. Le traducteur natif doit remplir une condition sine qua non avant d’entreprendre la traduction d’un texte rédigé dans une langue étrangère (langue B ou langue source) vers sa langue maternelle : en comprendre le sens, maîtriser la langue et la culture source. Même si le traducteur natif maîtrise les codes et le lexique de la langue étrangère, est capable de les transférer dans sa langue maternelle, il a un concurrent de taille : le traducteur non natif qui a quant à lui absorbé cette langue et ses codes culturels, pour ainsi dire, avec le lait maternel. La question fait débat. Le plus souvent, les partisans du « principe de la langue maternelle », c’est-à-dire, de la traduction native, en sortent gagnants. De nombreuses agences de traduction s’appuient sur ce principe et font appel à des locuteurs/traducteurs natifs ayant reçu une formation universitaire.

« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; Polissez-le sans cesse et le repolissez ; » (Boileau)

C’est le nœud du problème : la seule connaissance de la langue maternelle ne suffit pas. Le traducteur natif doit en perfectionner la maîtrise et les finesses par le biais d’études de traduction et de linguistique. Une formation universitaire pertinente et éclairée permettra au locuteur natif futur traducteur de développer la capacité de justifier ses choix de traduction et d’argumenter l’adéquation de sa traduction à chaque situation de communication. Cette démarche est indispensable pour le processus de traduction : toute décision en faveur ou non de telle ou telle formulation, de tel ou tel terme, doit être raisonnée, irréfragable. Le traducteur doit avoir la capacité de porter un jugement sur les orientations globales d’une traduction, de comprendre les effets prévisibles de ses choix de traduction ainsi que les enjeux de chaque interprétation.

Un traducteur natif apprend intuitivement, dès l’enfance, sa langue maternelle, dont il ne parvient pas toujours à expliquer les difficultés ou finesses langagières, tandis que le traducteur non natif apprend une langue étrangère de façon systématique. Il est plus enclin à effectuer des recherches lexicologiques ou terminologiques en cas d’incertitudes, pendant qu’un traducteur natif se fiera quant à lui à son instinct.

Les textes très techniques dépassent parfois les compétences d’un traducteur natif qui n’a ni la formation ni l’expérience requises dans tel ou tel domaine de spécialité. Être de langue maternelle française ne présuppose pas une connaissance des subtilités de la terminologie médicale ou lexique juridique français. À cet égard, les traducteurs natifs, plus familiers avec l’implicite culturel de leur pays d’origine, ont à peine une longueur d’avance sur les traducteurs non natifs. Traducteurs natifs et non natifs doivent de toute façon acquérir la terminologie spécialisée avec la même minutie.

Terminologie spécialisée certes en ce qui concerne les spécificités culturelles ? Les traducteurs non natifs sont avantagés. Un texte en espagnol abondant en références culturelles spécifiques à l’Espagne pourra faire le désespoir d’un traducteur natif français, même s’il maîtrise parfaitement l’espagnol alors que, bien sûr, ce même texte ne posera pas de problème au traducteur natif espagnol.

De là à déduire que les locuteurs bilingues dès l’enfance seraient des traducteurs-nés ? C’est une erreur. Des études de traduction et de linguistique sont nécessaires pour acquérir des compétences en traduction. Et même les locuteurs d’emblée bilingues ou trilingues doivent apprendre la terminologie spécialisée, qui est une langue en soi. Il faut aussi préciser que la maîtrise des langues chez la plupart des locuteurs bilingues ou multilingues n’est pas symétrique : chaque langue a son domaine de prédiection/fréquentialité, et de plus, tous les concepts ne sont pas toujours harmonisés dans l’autre langue. Il y a certains domaines où l’une des langues est plus faible que l’autre.

Le meilleur des deux mondes – Quand un traducteur natif rencontre un traducteur non- natif

En pratique, les agences de traduction utilisent la double directionnalité : les traductions sont effectuées par un traducteur natif expérimenté de formation universitaire, traduisant vers sa langue maternelle (langue cible), ayant une excellente maîtrise de la langue étrangère (langue source), dont le travail est ensuite soumis, pour vérification, à un traducteur natif de la langue cible. Pour les textes plus techniques, les agences font appel à des réviseurs techniques qui conseillent sur la terminologie spécialisée adéquate. Les traducteurs indépendants de langues maternelles diverses forment souvent des tandems ou des petits groupes, et s’entraident pour les traductions ou les révisions délicates. Ainsi, les traducteurs et les agences de traduction ont recours à des d’experts linguistiques issus d’horizons très divers afin de proposer à leurs clients des textes étanches sur le plan stylistique, terminologique et sémantique.